VIEUX

 

Ciel noir de clapotis

Touffeurs vertes ventées

De lances humides

Folles végétations d'angoisse

Sous le front

 

La nuit emplit le ciel

Le chien baille

J'entends un grondement

Marin

 

Tristes saisons

De vieux

Aux braguettes prostatiques

Moussant

Dans les feuilles mortes

 

La pluie creuse la route

De blessures sales

Où cahote

Le camion du boulanger

 

Ils sortent de leurs cahutes

Pour le pain frais

Mais affamés

De paroles

 

Automne

 

Vois-tu

l'automne

Dans le matin sournois

Le vent comme une houle

Le corbeau qui joue au chef de gare

Et guette

Comme un inspecteur cadavre

Une rafale dans la cheminée

Torche la flamme

Et secoue la cendre

Dans la pénombre

Ma mère soupire au sale temps

Entends-tu

Ce silence meublé de coups de pétoire

De lapins aux abois

De chiens enrhumés

On rêve de copains

De sauces, de juliénas

De banquets païens

La dernière feuille amoureuse

Tournoie lentement

Et laisse le marronnier aussi seul

Qu'un petit frère des pauvres

Mon frère l'arbre...

 

Le regard se perd dans le lointain de l'avenue

Brouillée

Avant de caresser

Sur la table

la bouteille fauve

 

Elle ne viendra pas.